ÉPISODE 9 : LE COPAIN EST LÀ !

Vendredi 22 juin 2018 : 
ÉPISODE 9 : LE COPAIN EST LÀ ! 

Assise au bord du fauteuil sur lequel j’étais assise, je guettais la porte qui s’était refermée derrière Madame Rêves sur mesure et tout à coup, je l’ai vue s’ouvrir doucement et quelques secondes plus tard, il était là, devant mes yeux, affichant un grand sourire, les yeux pétillants de vie. J’ai été saisie, il était magnifique. Je me suis levée et je suis allée vers lui, il m’a serrée dans ses bras, doucement, chaleureusement. C’était exactement ce qui convenait au moment que nous vivions. 
Pas un mot n’a été échangé entre nous, juste cet enlacement tendre, puis nous nous sommes dégagés d’un même mouvement comme si nos ondes s’accordaient parfaitement. Ce que je voulais, il le voulait. 
– On y va ? 
Nous avons parlé exactement en même temps, employant les mêmes mots. J’ai souri, lui aussi. Madame Rêves sur mesure est intervenue :
Je vous souhaite tout le bonheur possible. Merci de me donner des nouvelles d’ici un mois. 
Elle s’est tournée vers moi et elle a ajouté :
– Chaque fin de mois, comme il est prévu dans votre contrat, envoyez-moi quelques lignes pour m’informer de l’évolution de votre relation afin que nous puissions intervenir au plus tôt s’il y avait un quelconque grippage.
J’ai rougi, elle traitait mon compagnon comme une machine mais comment pouvait-elle agir ainsi ? Quand je le regardais, je ne pouvais pas imaginer qu’il était artificiel et d’ailleurs j’étais décidé à l’oublier. Il était mon compagnon, mon ami, celui qui allait partager ma vie d’ici quelques minutes. J’ai dit au revoir à Madame sur mesure et nous sommes sortis de la boutique. Je me suis dirigée vers le boulevard pour faire signe à une voiture et quelques secondes plus tard, nous étions à bord d’une voiture qui nous a déposés devant chez moi. Halidor regardait partout, curieux. 
– On ne t’a pas imprimé le plan de mon quartier ?
– Non, je dois aussi apprendre au fur et à mesure, n’est-ce pas mieux ainsi ?
 Si, bien sûr, tu ne peux pas tout savoir de ma vie. Bientôt, je vais organiser une petite fête pour te présenter mes amis. Je n’ai annoncé ton arrivée dans ma vie qu’à mon amie la plus proche, personne ne sait que tu n’es pas vivant et comme cela ne se voit pas, je n’ai pas l’intention de révéler la vérité, tu es d’accord ?
– Bien sûr, je ne m’opposerai jamais à toi, je ne suis pas programmé pour cela, même si un jour je le voulais, je ne le pourrai pas, mais jamais je ne le voudrai. Je ne souhaite que ton bonheur, je suis sur terre pour te combler et que tu comprennes ce que le mot bonheur signifie. 
J’étais impressionnée, j’avais beau avoir été prévenue, cela me faisait un drôle d’effet que seul mon bonheur lui importe et que tout son être soit orienté vers mes désirs. J’aurais voulu trouver quelque chose à lui dire, au moins peut-être le remercier mais rien ne me vint sur l’instant et je décidai de lui faire visiter mon petit appartement. 
Il me suivit gentiment émettant des remarques positives, tout lui plaisait. 
– Demain, j’irai travailler, j’espère que tu ne t’ennuieras pas.
– Je ne m’ennuierai pas parce que je ne suis pas programmé pour cela. Je pourrai mettre de l’ordre dans l’appartement, faire les courses si tu me laisses ton numéro de ton compte bancaire sur une carte préenregistrée, parce que je n’ai aucun moyen de paiement. 
–  Oui, bien sûr, je vais te donner ça tout de suite. J’ai des blocages automatiques qui sont en place. Une somme est prévue pour chaque chapitre de mon budget. Donc, par exemple pour les dépenses de nourriture, il y a une somme mensuelle que tu ne peux pas dépasser. À vrai dire, je ne sais pas où j’en suis. À midi, je mange des légumes et des fruits à mon bureau et du coup, je n’ai pas l’habitude d’acheter beaucoup de frais pour le soir. J’ai des habitudes alimentaires d’enfance, genre yaourts et crèmes. Des soupes aussi souvent, je prends les coupes fraîches mais ce sera très simple pour toi parce qu’il te suffira d’ouvrir le placard à provisions pour que s’affichent ce qui manque. Ensuite, tu tapes la commande et elle t’attend au magasin ou bien tu peux te faire livrer. 
Il parut réfléchir, je lui laissais une alternative, ou, eh bien, à mon étonnement, il répondit : 
– Je préfère aller au magasin, cela me donnera une occasion de sortir d’ici, d’apprendre à connaître le quartier où j’espère passer quelques années. 
– Bien sûr, je comprends et je te félicite d’avoir été capable de choisir.
– Plus tu me donneras une pluralité de possibles, plus je cultiverai ma liberté de choix. 
Je réalisais alors qu’Halidor pouvait évoluer et cette éventualité me réjouit et me contraria en même temps. Je repoussais cette idée et je lui proposai :
–  Si nous allions déjeuner quelque part, et au moins boire un peu de champagne ?
 Mais bien sûr, la seule chose est que je ne peux pas réellement manger ou plutôt si je mange, tu devras penser à vider mon tiroir de récupération afin que mes pièces ne s’abîment pas.
J’ai ouvert la bouche, je m’apprêtai à répondre quelque chose car j’étais surprise, j’avais oublié qu’il était avant tout une machine faire de pièces et qu’il fallait veiller à son entretien et à sa bonne marche. Il n’était vivant qu’en apparence. Je devais donc moi, faire comme s’il était vivant et en même temps, garder à l’esprit qu’il était une machine. J’ai repoussé cet aspect négatif de mon compagnon et nous sommes partis au restaurant qui était tout près de chez moi. Le déjeuner s’est très bien passé, nous avons délicieusement mangé et papoté.  Le maître d’hôtel, le seul être vivant du restaurant, m’a saluée et je lui ai présenté mon compagnon, il a souri. Je me suis demandé s’il se doutait de quelque chose parce que lui côtoyait tous les jours, des robots, les serveurs et les cuisiniers appartenaient tous au monde mécanique. Cependant, ils n’avaient pas l’aspect humain come Halidor, on voyait dès le premier regard qu’ils étaient des robots, cela aurait coûté trop cher de leur donner l’aspect d’êtres humains et c’était encore plus vrai si on observait les employés de la cuisine, là, c’étaient surtout des bras mécaniques qui s’agitaient, et ressemblaient à mon robot, à mon Merlin qui savait si bien me bichonner dans ma salle de bains. 

 À suivre... Prochain épisode le vendredi 29 juin...

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