ÉPISODE 11 : Le Retour

ÉPISODE 11 : Le Retour 
Mercredi 6 mars 2019

Une fois qu’ils se sont assurés qu’aucun GJ n’était plus dans les parages, le président et le Premier Ministre sortent de la maison retranchée dans la forêt dans laquelle ils ont été retenus le temps de leur procès.
— Ça fait du bien de respirer l’air de la liberté ! 
Le président hume l’air de la forêt, l’humidité a fait sortir un parterre de muguet. Il en cueille une brassée :
— Le muguet, quelle merveille ! Tu devrais en ramasser pour en rapporter à ta dulcinée.
Le Premier ministre fait la moue. Lui, ce qu’il souhaite, c’est rentrer chez lui au plus vite, il dit :
— C’est moi ou c’est vous qui appelez le staff des chauffeurs ? 
— Voyons, non, pas moi, j’ai l’intention de regagner la lanterne et la maison ne doit pas être si loin puisque nous sommes venus à pied par un souterrain depuis la cathédrale.
— Enfin, président, vous n’allez quand même pas repartir par le même chemin ? Vous risquez de vous perdre, nous ne connaissons pas ces caves et sous-sols qui doivent être des vestiges d’une époque lointaine et on ferait peut-être en plus, de mauvaises rencontres. Non, nous pouvons être localisés par nos téléphones et un chauffeur viendra nous récupérer. 
Tout en parlant, il cherche à mettre en route son GPS, mais non, pas moyen, il ne marche pas. C’est un endroit non couvert. 
— Nous sommes en zone blanche, dit-il d’une voix blanche. 
— Eh bien, alors, nous devons nous débrouiller avec la boussole. Nous sommes à l’ouest de Paris. Donc direction le Plein Est. 
Ils commencent à marcher et se dirigent grâce à la boussole. 
— Ça me rappelle le temps où j’étais scout, lance le Premier Ministre. 
Le président le moque, dégageant ses dents de loup. 
— Tu as été scout, toi ?
— Eh bien, oui, et ce n’est pas un déshonneur, au contraire, je l’ai toujours mis sur mes CV, c’est un point très positif. Les patrons aiment bien, les scouts ont appris à obéir, ils sont disciplinés et ont développé leur sens relationnel. 
— C’est bien vrai que tu possèdes tout ça à la fois et c’est la raison pour laquelle je t’ai choisi comme premier ministre. Tu es parfait dans ce rôle. 
Le Premier Ministre ne répond pas, il préfère réserver son énergie pour se rapprocher d’un lieu où il pourra enfin téléphoner.
Deux heures plus tard, ils ont bien avancé, il semble au président qu’il aperçoive la grille qui ouvre sur le jardin qui entoure la lanterne ; il le savait, il savait qu’il était tellement doué qu’il serait capable de retrouver son chemin tout seul. 
— Eh bien voilà, on y est, mon vieux ! La lanterne est en vue. Je t’invite à dîner.
— Non merci Président, dès que j’en ai la possibilité, j’appelle un chauffeur de Matignon, et je rentre chez moi. Cela fait plusieurs jours que je suis retenu loin de ma famille et j’ai vraiment besoin de les voir, de serrer ma femme et mes filles dans mes bras.  
Il essaie d’enclencher un appel et cette fois, ça marche ! Il clique dans ses contacts sur le pool des chauffeurs. 
— Ici le Premier Ministre, bonjour. Vous pourriez m’envoyer une voiture ? Je suis en compagnie du président, tout va bien. Nous approchons de la Lanterne à Versailles. Vous pourriez arriver dans combien de temps ?
— …
— D’accord, à tout à l’heure. Merci. 
Il respire un grand coup, libérant sa poitrine qui restait contractée depuis son enlèvement. Dans une demi-heure, il sera sorti de cet enfer dont le président n’a eu qu’un très léger aperçu…
— Bien, Lombard, vous allez quand même me suivre et boire un coup avec moi ? Vous aimez le cognac ? Il y a le meilleur cognac de France et donc de la terre, voire même de l’univers, à la lanterne, un petit verre vous retaperait, OK ? 
— D’accord, va pour le cognac.
— Alors, on y va.
Le président allonge le pas, il veut arriver rapidement au pavillon. Bibi doit être là, à l’attendre. Peut-être que ses enfants sont là, eux aussi ? Il aime tellement sa famille. Elle lui tient chaud au cœur…
Voilà, ils sont devant la grille. C’est fermé. Pas de garde, c’est étonnant ! Sont-ils en train de taper le carton en l’absence du patron ? Il appelle Bibi, les sonneries se succèdent et c’est le répondeur qui lui serine :
Laissez-moi un message, je vous rappellerai le plus vite possible. 
Après quelques secondes d’hésitation, il dit ces quelques mots : C’est moi, je suis à la grille de la Lanterne, tu n’es pas là, ma Bibi chérie  ?
Il raccroche et commence à se demander s’il ne va pas être obligé de faire le tour du parc pour entrer par la grille du château, mais non, tout à coup, voilà un policier qui jaillit et qui le salue. 
— Monsieur le président !  Je vous ouvre tout de suite. 
Il actionne la clé dans l’énorme serrure puis il repousse un battant de la grille :
— Je vous en prie. 
Le président franchit le seuil suivi par le Premier Ministre. Le policier referme derrière eux. Le Premier Ministre objecte une remarque : 
— Laissez ouvert, on vient me chercher d’ici peu.
— J’applique la procédure de sécurité et en plus avec ce qui vous est arrivé…Ne vous inquiétez pas, on rouvrira quand votre voiture sera arrivée et vérifiée. 
Le président a avancé vers le pavillon et le voici qui pénètre à l’intérieur. Tout lui semble d’un luxe inouï. Il éclate de bonheur, il aimerait danser, pour fêter son retour dans cet endroit, mais il ne le fait pas, ce n’est pas le moment, il est censé avoir souffert de la rétention exercée sur lui par les GJ…Il ouvre le bar et en sort la bouteille de vieux cognac, il remplit deux verres et en tend un à son PM :
— Allez, bois, ça va te retaper. À ta santé et à la nôtre. 

À suivre… Prochain épisode le mercredi 12 mars 2019…

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