ÉPISODE 8 - MISE AU POINT AVEC LE CAPITAINE KERVADEC



ÉPISODE 8 - DOMINIQUE VÉTOLDI ET LE CAPITAINE KERVADEC FONT LE POINT SUR L'ENQUÊTE


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Photo, L'observatoire des aliments


Le lendemain de sa rencontre avec Swan Smith, Dominique Vétoldi et le capitaine Kervadec partagent leur petit-déjeuner, au café où le capitaine a table ouverte. Après avoir croqué dans son premier croissant, Dominique Vétoldi s'adresse à Louis, le serveur qui vient de leur apporter leur commande et qui est resté à portée de voix :


Hum, ils sont délicieux vos croissants !
Louis  acquiesce en souriant :
  C'est le meilleur boulanger de l'île qui nous les livre chaque matin et tout le monde nous en fait des compliments.
Les deux compères poursuivent leur premier repas de la journée, puis une fois son appétit un peu calmé, Dominique Vétoldi aborde le sujet qui les préoccupe :
Donc, comme je te l'ai dit au téléphone, j'ai vu Swan Smith hier et il m'a orienté très clairement vers les concurrents de Colombo, qu'en penses-tu ?
À première vue, ce ne serait pas une mauvaise idée mais moi, je les connais, ses concurrents, ils ne sont que deux et en réalité, un seul et si je reconnais qu'il n'aimait pas Colombo, à mon avis, il serait incapable de le faire assassiner. Les meurtres n'entrent pas dans la culture de l'île ; oui, il y a des conflits, et ta charmante associée, Inès Benlloch, en a eu un aperçu lors de son enquête à l'hôpital de Belle-Ile[1], mais bien vite, il lui a fallu reconnaître qu'elle devait chercher son meurtrier ailleurs que sur l'île.
Mais néanmoins, il faudra que je puisse interroger ce concurrent.
Hum, j'ai appris que notre cher Bertrand Lafeuille l'avait cuisiné, il est furieux et sa fureur est remontée jusqu'à moi. Décidément ce Lafeuille est en train de se foutre toute l'île à dos et ce n'est pas ainsi qu'il découvrira la vérité. La dernière fois que j'ai discuté de l'affaire avec lui, j'ai essayé de le mettre en garde, mais il n'y a rien eu à faire, il est sur le point d'inculper Kylian Le Goff.
Alors, il est d'autant plus nécessaire que je fasse vite avant qu'il ne se retrouve en garde à vue ?
 Kervadec sourit :
S'il va jusque-là, le magistrat désigné aura tôt fait de le relâcher, il n'a pas assez de biscuits contre KLG. En outre, KLG aura toute l'île derrière lui, cela risque de faire très mal !
Tu penses que je pourrais le contacter ?
Oui, mais attention à la façon dont tu te présenteras, annonce-toi comme ce que tu es, à savoir, le détective privé engagé par Viviane Colombo, et tu ne devrais pas avoir de soucis. Il est de son côté et certainement pas pour la deuxième épouse.
OK, merci pour ton conseil, je te revaudrai ça.
Je ne vois pas comment, mais peu importe, l'essentiel est que je sache que tu travailles pour que justice soit faite et donc nous avons le même objectif.
Dominique Vétoldi ajouterait volontiers, et pour toi, la cerise sur le gâteau, sera le plaisir de s'opposer à l'enquêteur officiel, mais il se retient, c'est inutile d'insister sur ce point évident ... Il est temps de se séparer et pour chacun d'eux, d'affronter sa journée, même si elle est plus à construire pour Vétoldi que pour Kervadec qui lui, aura à faire face aux tracas quotidiens inhérents à sa fonction. Ils quittent le café de concert, en se promettant de refaire le point rapidement.
Dominique Vétoldi remonte vers son hôtel pour téléphoner tranquillement à Kylian le Goff et décrocher un rendez-vous si possible dans la journée.
Il est huit heures quand il joint la Société KLG, il tombe sur le répondeur de l'assistante du patron qui l'informe qu'elle sera présente à partir de huit heures trente. Il laisse donc le message suivant :
Bonjour Madame, je suis Dominique Vétoldi, détective privé, chargé d'une enquête sur le décès suspect de Giovanni Colombo, je souhaite rencontrer Monsieur Kylian Le Goff le plus rapidement possible, afin de recueillir son témoignage. Il s'agit d'un rendez-vous strictement confidentiel, qui n'a rien à voir avec l'enquête officielle. Merci de me transmettre sur mon numéro de portable, une plage horaire, disponible aujourd'hui ou à la rigueur, demain.
En attendant le rappel, Dominique Vétoldi parcourt le journal emprunté au café et qu'il s'est promis de rapporter au plus vite, c'est à dire dès qu'il aura reçu la réponse qu'il espère.
Il est plongé dans sa lecture quand il entend le bruit du message qui arrive, il consulte son téléphone, le texto provient bien de l'entreprise KLG Société :
Monsieur le Goff accepte de vous rencontrer à neuf heures précises, veuillez confirmer le rendez-vous au plus vite et je vous envoie les coordonnées de l'entreprise.
Vétoldi s'empresse de texter son accord en espérant que l'entreprise ne soit pas trop éloignée de son hôtel. En retour, il obtient l'adresse de la société :
Voici l'adresse de KLG Société :
Zone de Mézérelle, Le Palais.
À l'entrée de la zone, prenez à droite, vous serez arrivés.
À tout à l'heure, c'est moi qui vous accueillerai.
Meghan Le Goff
KLG Société est donc une entreprise familiale, décidément, les petits patrons du bâtiment travaillent souvent en couple.
Il lui reste vingt minutes pour gagner l'entreprise. Il a tout son temps, il va s'y rendre en vélo. Il descend tranquillement de sa chambre et effectue son trajet sans se presser. Devant l'entrée de la zone artisanale, il suit l'instruction envoyée par Madame Le Goff et il est neuf heures moins cinq quand il se présente à l'accueil.  
— Bonjour, Dominique Vétoldi, j'ai rendez-vous à neuf heures avec Monsieur Le Goff.
— Oui, bonjour Monsieur Vétoldi, c'est moi qui vous ai envoyé le texto. Je vous en prie, veuillez-vous asseoir, Monsieur Le Goff viendra vous chercher à l'heure.
Dominique Vétoldi s'installe sur un des fauteuils placés dans le hall, il ne peut s'empêcher de jeter un nouveau coup d'œil à l'assistante, il a devant lui une toute jeune femme, et il se dit que décidément, les patrons des boîtes du bâtiment ont tendance à se choisir des minettes pour compagne, car, cette jeune femme, il lui aurait donné une vingtaine d'années, pas plus.
Quatre minutes plus tard, alors que la pendule accrochée au mur affiche exactement neuf heures, Kylian Le Goff le salue.
— Bonjour Monsieur Vétoldi, suivez-moi dans mon bureau, je vous prie, j'ai accepté de vous recevoir mais je ne peux pas vous consacrer plus d'une vingtai,e de minutes, car j'ai un rendez-vous à la demie et en ville.
— Je vous suis très reconnaissant de me recevoir et ce temps devrait me suffire, j'ai juste quelques questions à vous poser.
KLG referme la porte derrière Vétoldi et le fait asseoir, puis il lui propose un café qu'il lui prépare sans attendre sa réponse puis il lui tend la tasse :
— Bien je vous écoute. Faites attention, il est brûlant.
— Oui, merci.
Vétoldi pose sa tasse avec prudence sur la table disposée à côté du fauteuil où il est assis, en face de KLG, dans le coin salon de la grande pièce.
  Comme je l’ai dit à votre assistante, je suis chargé d’une enquête privée sur le meurtre de Giovanni Colombo. Ce que je cherche à savoir, c‘est s’il avait des ennemis sur l’île.
Kylian le Goff sourit et dit :
Mon assistante, en l’occurrence, est ma fille. Moi, je n’ai pas fait comme Colombo, je n’ai pas changé de femme pour épouser une petite qui aurait eu l’âge de ma fille. Je dois vous dire que, sur l’île, son divorce a fait des vagues, mais de là à ce qu’un bellilois l’assassine, il y a un pas que je ne franchirais pas. Je connaissais bien Viviane Colombo, c’est une femme que j’estime. C’était elle qui tenait l’entreprise, elle est bien plus intelligente que son feu de mari. Je suis persuadé que contrairement aux apparences, la société de Colombo n’était pas en bonne santé au moment de sa disparition. C’est pour ça qu’avant d’apprendre qu’il s’agissait d’un meurtre, j’étais persuadé qu’il s’était suicidé en mer. Vous devriez regarder de ce côté. Il avait peut-être souscrit une assurance-décès en faveur de sa deuxième femme. Je ne voudrais pas être mauvaise langue mais des bruits courent ici, sur, sur… Comment dire ? Bon, la petite Madame Colombo ne serait pas aussi triste que ça du décès brutal de son mari.
Avez-vous revu Viviane Colombo après son divorce ?
Ne vous y trompez pas, si je pense du bien de Viviane Colombo, ce n’est pas pour autant que je la fréquentais, ce n'était pas une amie, je l’estimais davantage que son mari, mais elle restait une concurrente et croyez-moi sur le plan du boulot, je me suis réjouis que Colombo s’en sépare.
Vous avez dit tout à l'heure que vous pensiez que le meurtrier ne pourrait pas être un Bellilois ?
  Oui, c’est ça. Cherchez ailleurs, allez donc voir du côté de la numéro deux… Il s’en passait de belles à Vannes quand le mari n’était pas là.
Vous savez quelque chose à ce sujet ?
Il se dit des choses et à mon avis, il n’y a pas de fumée sans feu.
Mais quand on y réfléchit, cette femme avait tout à perdre avec la mort de son mari.
Ça, c’est à vous de vérifier. Bien, je crois vous avoir dit tout ce que je savais, il est l'heure que je parte. Il me reste à vous souhaiter bonne chance pour votre enquête.
Tout en disant ces derniers mots, Kylian le Goff s’est levé et Vétoldi en fait autant.
Je vous remercie de m’avoir reçu et si vous le permettez, je vous tiendrai au courant de la suite de mes recherches.
Le visage de KLG affiche son étonnement :
  Ne vous donnez pas cette peine, j’espère suivre l’enquête sur le journal, et ne pas être moi-même plongé en son cœur, en effet, je soupçonne l’enquêteur officiel  d’être tenté de m’inculper, j’ai donc pris contact avec mon avocat.
  Vous avez bien fait, on n’est jamais trop prudent, les autorités sont parfois un peu pressées de désigner un suspect, ne serait-ce que pour calmer les foules et nourrir les medias.
Là-dessus, Dominique Vétoldi suit son interlocuteur jusqu’à la porte de sortie de l’entreprise, puis ils se saluent sur le seuil.
Vétoldi reprend son vélo et remonte à son hôtel. Il ne sait pas trop quoi penser de la conversation qu’il vient d’avoir avec Kylian le Goff. Pour autant, bien sûr, il ne négligera pas la visite qu’il a prévue auprès de la petite Madame Colombo, ne serait-ce que pour vérifier si elle est vraiment aussi mignonne que ce que tout le monde suggère…

Suite au prochain épisode, l’épisode 9

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