LE PUITS : ÉPISODE 8 : LA FERME

Image par 12122 de Pixabay 



LE PUITS : ÉPISODE 8 : LA FERME Dimanche 10 Janvier 2020

 Le commissaire Vétoldi se poste devant la barrière qui ferme la cour de la maison forestière. Il a hâte de voir arriver l'inspecteur Kevin Auster et sans doute Aurèle, un des brigadiers du commissariat de Vannes. Il n'a aucune envie de rester seul dans la maison peuplée des fantômes évoqués par le technicien scientifique. En effet, celui-ci soupçonne la présence de cadavres dissimulés sous le sol en béton de la cave à cause des très nombreuses traces de sang qu'il a relevées dans la salle des tortures. Si, depuis ses débuts de policier et de scénariste, le commissaire Vétoldi aime résoudre les meurtres et avoir la satisfaction de retrouver le coupable, il est encore, après plus de quinze ans passés dans la police, ému et secoué par les horreurs auxquels il est confronté. Heureusement, il n'a jamais assisté à un meurtre en direct, il ne l'aurait pas supporté. Il serre les dents et creuse ses joues dans un effort de maîtrise de ses réactions. il entend le moteur de la voiture avant de l'apercevoir. Enfin ! 
Kevin Auster arrête la voiture de police devant le bout de ses chaussure et le commissaire Vétoldi recule par réflexe. L'inspecteur descend, accompagné du nouveau gardien de la paix, Jayden Abelli, arrivé à Vannes après sa formation et son stage d'application effectué à Sens. Il est bien loin de sa Guadeloupe natale mais ses deux ans à Sens chez un de ses oncles paternels, l'ont familiarisé avec les particularités de la métropole. Sorti dans un excellent rang de l'école de police, Jayden a pu choisir son département d'affectation, il a demandé le Morbihan à cause des spots de surf. Il n'a pas encore eu le temps de découvrir les spots de Quiberon et de Belle-Ile mais il le fera dès que possible. Pour le moment, il a surtout été préoccupé par son problème de logement. Depuis Sens, il a pu réserver une chambre contre services chez une dame âgée. Elle était ravie qu'il soit policier. Il habite donc le quartier chic de Conleau, dans une belle maison, mais il n'a pas prévu d'y rester plus d'un an. Il recherche une colocation avec d'autre jeunes mais sa profession représente plutôt un handicap auprès des personnes de sa génération... Aussi, s'est-il inscrit sur un programme en construction de logements partagés. L'idée lui plaît, cette future résidence accueillera des personnes de tous âges et aussi des personnes souffrant de difficultés psychiques. 
En Guadeloupe, il était moniteur de surf et il était chargé d'un groupe d'enfants handicapés. 
Le commissaire Vétoldi donne ses recommandations : 
 — Bien, je me rends à la ferme, je cherche à savoir si les propriétaires de ce gîte avaient connaissance des faits qui s'y déroulaient. La procureure devrait arriver sous peu. À tout à l'heure. 
 — Com...Dominique, vous oubliez votre sandwich. L'inspecteur Auster tend un des sacs en papier qu'il tient dans ses mains, au commissaire. 
 — Ah merci Kevin, tu me sauves du malaise vagual. — De rien commissaire, bon appétit.  Décidément, l'inspecteur est allergique au fait de l'appeler par son prénom... Le commissaire Vétoldi se dirige vers la ferme et dix minutes plus tard, il frappe à la porte. 
 — Ah, c'est donc vous qui revenez, monsieur le commissaire, mon fils est là, il déjeune, je l'ai prévenu. Vous voulez goûter à mon bourguignon ? 
Le commissaire Vétoldi hésite à accepter puis il donne son accord : 
 — Pourquoi pas ? Ce sera certainement meilleur que mon sandwich. 
 La fermière le fait entrer dans la cuisine, son fils les coudes écartés autour de son assiette, aval goulument une grosse bouclée de viande. À la vue du commissaire, il repousse sa chaise, se lève et le salue : 
 — Gwen le Tallec, bonjour Commissaire. Ma mère m'a prévenu de votre visite. Qu'est-ce qui s'est donc passé au gîte ? 
 — Nous entamons une enquête et dans ce cadre je voudrais savoir qui est venu signer le papiers de la location du gîte ? 
 — Alors, j'ai ressorti le contrat quand ma mère m'a dit que vous étiez passé. Le voilà, vous en voulez un double ? 
— Oui, volontiers. La location date de combien de temps ?
 — Trois mois et quelques jours. Ils ont payé pour six mois à l'avance. J'étais content parce que l'hiver d'habitude, c'est rare de trouver des locataires, nos gîtes sont confortables mais ils ne sont pas chauffées. 
 — Vous avez revu les locataires depuis la signature du contrat et la remise des clefs  ? 
 — Ma foi non, il n'y avait pas de raison. Ils avaient payé d'avance. 
 — Quel genre de personnes étaient-ce ? 
 — Je sais pas moi, des gens normaux, que je dirais. Ils étaient deux, un grand et un petit. Le grand était mieux habillé que le petit. J'ai oublié leur lnom mais vous trouverez ça dans le contrat. — Vous avez vérifié leur identité ? 
— Non, pourquoi je l'aurais fait ? Ils ont payé. 
— Ils vous ont réglé par chèque ? 
 —  Ah non, j'avais demandé du liquide, je prends plus les chèques, j'ai déjà eu des impayés. 
 — Cela ne vous a pas paru bizarre qu'ils puissent vous payer autant en liquide ? 
 — Non, il suffisait qu'il les tire à leur banque, je vois pas le problème. 
— Pendant ces trois derniers mois, vous ne vous êtes pas rendu dans le gîte ? 
 — Non, jamais je vous l'ai dit. 
— Et vous, Madame ? 
 Madame le Tallec rougit et dit d'une voix faible : 
 —  Ma foi, je suis allée y cueillir des mûres le long de la clôture, j'avais vu qu'ils les aurait laissées pourrir. J'ai fait de la confiture. 
— Et elle est fameuse la confiture de ma mère. 
 — Vous en voulez une belle assiette ? 
 — Volontiers, merci. La mère remplit une grande louche à ras bord et tend l'assiette pleine au commissaire Vétoldi, qui entre temps s'est assis en face du fils. `
— Lorsque vous avez cueilli les mûres, vous n'avez rien remarqué de suspect ? 
Elle rougit de nouveau et dit à voix basse : 
 — J'ai dit à mon fils que j'avais entendu quelqu'un qui gémit, comme quelqu'un qui souffre. Il m'a répondu que fallait pas que je me mêle de ça et que ce devrait être un chat qui passait par là. C'est vrai que les chats ils font parfois ce genre de bruit. 
 — Dommage, vous auriez pu au moins téléphoner à un des numéros spéciaux destinés au signal des violences. 
— C'est ça, pour avoir flics sur le dos, après... On est des gens tranquilles, on fait rien de mal. 
 — Raté ! Les flics, ils sont ici et vous aurez certainement la visite de la procureure. 
 — Feraient mieux de courir après les voleurs, je me suis fait encore voler des châtaignes, cette nuit. Y'a un camp de gens du voyage dans le coin, ils vivent de rapines. 
 Le commissaire n'a aucune envie de rentrer dans ce genre de conversation, il déguste son bourguignon et c'est délicieux. La viande est tendre à souhait et les carottes fondantes. 
 — Merci, c'est très bon.
 — C'est la recette de ma grand-mre, elle faisait bien la cuisine. Elle m'a appris. 
 — Vous avez hérité de la ferme? 
 — C'était à la famille de mon mari, pas à la mienne, mon père était ouvrier agricole ici, le fils a marié ma mère et voilà. Heureusement que Gwen a repris parce que sinon, elle aurait disparu. C'est pas avec ma fille que, elle a préféré partir travailler à la ville. C'est le fils qui prend la parole : 
 — Alice est enseignante à Quimper. Elle est venue avec ses enfants aux vacances de la Toussaint, ils étaient heureux les petits, je les ai emmenés sur le tracteur. 
 — Vous me donnerez le numéro de téléphone de votre soeur et son nom, elle aura peut-être remarqué quelque chose. 
 — Ça m'étonnerait, Alice, c'est une fille de la ville, elle ne se risque pas à se promener dans la forêt, elle préfère rester à lire pendant des heures. 
 — Et les enfants, eux, ils aiment se promener, ramasser des bouts de bois? 
 — On les laisse pas tout seuls, pensez, ils ont que trois et cinq ans, Ethan et Nathan. 
 —  Je leur ai construit une cabane rien que pour eux. Vous voulez la voir ? 
 — Pourquoi pas ? 
 — Eh ben, venez donc ! 
 — Laisse Monsieur le commissaire finir son assiette, au moins ! 
— J'ai fini ne vous inquiétez pas, merci beaucoup, c'était très bon. 
 Le commissaire Vétoldi suit Gwen le Tallec à l'extérieur. Ils prennent le même chemin que celui qui mène au gîte. Cinq cent mètres plus loin, Gwen s'arrête et désigne une cabale à demi dissimulée par un gros chêne : 
 — La voilà. 
 — Magnifique ! 
La maisonnette est bâtie en hauteur et elle se mêle aux branches de l'arbre, on dirait presque une extension naturelle. 
 —Et encore vous avez pas vu l'aménagement ! Si vous n'avez pas peu de grimper à l'échelle de cordes, je vous montre. Attendez que je sois en haut, elle supporterait pas le poids de deux hommes. Gwen le Tallec monte prestement et fait signe à Vétoldi de le rejoindre ce que le commissaire fait aussitôt. Il jette un oeil à l'intérieur de la cabane, les murs sont tapissés de tissu et des coussins recouvrent le sol. 
Le décor est si soigné que le commissaire Vétoldi demande : 
 — Maintenant que les gosses sont partis, vous l'utilisez pour vous? 
 — Ouais , ça m'arrive d'y faire la sieste ou d'y passer la nuit.
 Le commissaire Vétoldi se retourne et il s'aperçoit que de la cabane, on bénéficie d'un point de vue exceptionnel sur le gîte... 
     En outre, il remarque, posé sur une étagère dans le coin de la cabane, une paire de jumelles... Gwen le Tallec ne faisait pas que dormir dans cette cabane, il était très bien placé pour suivre les allées et venues du gîte... 

À Suivre.... Prochain épisode le Dimanche 17 Janvier 2021... >

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

FEUILLETON : LE FOU DU 22, ÉPISODE 1

Épisode 19 : Inès Benlloch rencontre Océan Poulain

94 ROSES : ÉPISODE 20 : Inès Benlloch décide de la direction à donner à son enquête.