94 ROSES : Épisode 8 : Enquête sur le crime de la rue Blomet



 

Source : Educol.net

 


Épisode 8 : Enquête sur le crime de la rue Blomet



Après avoir assisté au travail effectué par les deux techniciens scientifiques, le commissaire Aghilas a regagné son bureau du Bastion. Il a hâte de recevoir leur rapport… David Ostrachet lui a promis de lui envoyer ses premières constatations dans la soirée. 

En attendant de recevoir son e-mail, le commissaire reprend les notes prise au cours de sa visite des occupants de l’immeuble ainsi que celles de son inspecteur, Louis Sauvagnac.  

Il dresse un plan de coupe pour bien repérer l’emplacement des différents appartements. 

Il lui reste à joindre les absents, le couple qui télé-travaille depuis Sanary et les Anglais.

Il commence par les Sanaryens. C’est Madame Poulain qui répond. Il la met au courant de l’évènement tragique qui s’est déroulé dans son immeuble. Elle reste un long moment sans parler, puis elle demande :

— Monsieur le commissaire, je ne comprends pas bien pour quelles raisons vous m’appelez, je ne peux rien vous dire, je n’ai pas mis les pieds chez moi depuis deux mois.

— Je sais, mais vous connaissiez Madame Devieille.

— Connaître est un bien grand mot pour une personne que je croisais rarement. 

— Néanmoins, que pouvez-vous en dire ?

— Pas grand-chose, peut-être que mon mari pourrait vous en dire davantage, je vais vous le passer. Au revoir Monsieur le commissaire.

Le commissaire Aghilas n’a pas le temps de rétorquer quoi que ce soit, elle n’est plus sur son portable et en outre, elle en a coupé le son. Il patiente de longues minutes puis, une voix d’homme résonne à son oreille : 

— Bonjour commissaire, Océan Poulain à l’appareil, ma femme m’a dit que vous souhaitiez me poser des questions sur Madame Laurence Devieille ? 

— Oui, c’est exact. Madame Devieille a été assassiné cette nuit. Votre femme me disait que vous la connaissiez mieux qu’elle, qu’en est-il ?

— En fait, je la consultais. J’ai traversé une période compliquée sur le plan personnel et professionnel et j’ai éprouvé le besoin de me faire aider. 

— Depuis combien de temps étiez-vous en thérapie ? 

— Depuis deux ans. Madame Devieille est… enfin était … une excellente professionnelle, jouissant d’une bonne réputation, il m’est arrivé de la recommander à des personnes qui cherchaient une adresse sérieuse. 

— La fréquentiez-vous en dehors de vos séances ? 

— Euh… Attendez une minute …

Le commissaire patiente et entend une porte qui se ferme… Océan Poulain reprend la parole, après une petite quinte de toux :

— Alors, voilà, je vais tout vous dire avant que vous ne l’appreniez par un de mes voisins… J’ai eu une liaison avec madame Devieille. Ça s’est passé de façon très naturelle, ni elle ni moi n’avions l’impression de faire quelque chose d’interdit. Vous savez, la relation de psychothérapie est très intime et voilà… nous avions franchi le pas… 

— Votre épouse était-elle au courant ?

— Je ne sais pas exactement, je pense qu’elle avait des soupçons. Elle a beaucoup insisté pour que nous partions à Sanary. 

— Quand avez-vous vu Madame Devieille pour la dernière fois ? 

— Eh bien, il y a deux mois, avant de partir.

— Vous n’êtes pas rentré à Paris entretemps ? 

— … Non, je n’ai pas quitté Sanary.

Le commissaire note les hésitations de son interlocuteur et il marque sur son cahier : Serait-il revenu ? En rechercher la preuve. Il demande comme s’il passait à autre chose :

— Êtes-vous partis en voiture à Sanary ?

— Oui, bien sûr, nous en avons besoin sur place. 

— Très bien. Avez-vous quelque chose à ajouter ? 

— Non, je ne vois pas, elle va me manquer, nous nous entendions très bien.

— Avez-vous envisagé de quitter votre épouse ?

— Oui, j’en avais presque pris la décision avant de partir pour Sanary et puis, au fil de mon séjour ici, je me suis rendu compte que ma femme comptait pour moi. C’est compliqué. 

— Sauf que maintenant que Madame Devieille est morte, votre situation est plus simple.

— Ne croyez pas ça ! La mort de Laurence et la façon dont elle est morte, cela m’a fait un choc terrible quand ma femme me l’a annoncé tout à l’heure. Je ne m’y attendais pas du tout !  L’idée de ne plus jamais la voir me bouleverse. Sanary était pour moi une parenthèse. Je n’avais pas pris la décision de rompre définitivement.

— Elle non plus ?

— Non, au contraire, elle m’aimait et elle m’avait demandé de partager sa vie, juste avant que je parte. Nous avions parlé longuement, je lui avais demandé une période de réflexion. Je pensais être capable de trancher après mon retour à Paris.

— Eh bien, le sort en a décidé pour vous.

— Vous êtes horrible commissaire, vraiment horrible. Vous faites fi des sentiments que j’avais pour elle. On ne se débarrasse pas des sentiments comme ça ! Ils vont lui survivre et je vais être obligé de réfléchir à la vie que je souhaite avoir dans les années à venir. Cela sera tout sauf facile, croyez-moi.

— Bien, Monsieur Poulain, je vous remercie pour votre franchise, il sera nécessaire de venir déposer votre témoignage officiellement, rentrez-vous à Paris prochainement ?

— Oui, je pense.

— Si votre date de retour n’est pas fixée, je vous demande de vous rendre au commissariat de Sanary pour y faire votre déposition et on me la transmettra. 

— Ah, très bien, je ne savais pas que vous pouviez procéder ainsi.

— Ce n’est que sur la foi de votre parole, à savoir que vous affirmez que vous aviez quitté votre domicile depuis plus de deux mois et que donc vous étiez absent lors du meurtre.

— Je comprends et je vous remercie, ce sera plus facile pour moi et surtout pour ma femme qui refusait de bouger d’ici. 

— Au revoir Monsieur Poulain, pensez à vous rendre immédiatement au commissariat pour faire votre déposition. 

— Oui, commissaire, je m’y rends immédiatement. Dois-je demander une personne en particulier ?

— Non, quand vous serez à l’accueil du commissariat, dites seulement que c’est à ma demande que vous effectuez votre démarche et qu’il s’agit d’un témoignage qui s’inscrit dans le cadre d’une enquête pour assassinat. 

— D’accord, merci commissaire.

— Je vous en prie. Appelez-moi dès que vous serez rentré à Paris.

— Je n’y manquerai pas. 

Le commissaire Aghilas raccroche puis il écoute aussitôt la conversation qu’il vient d’avoir avec Océan Poulain. Une fois ceci fait, il dit à voix haute :

Mais qu’est-ce qui a pris à ses parents de le prénommer Océan alors qu’ils portaient le nom de Poulain ? Bon, enfin, la question n’est pas là, la question à se poser est de vérifier si oui ou non, cet individu est revenu chez lui pendant ces deux mois où il prétend ne pas avoir quitté Sanary

Il convoque son inspecteur, Louis Sauvagnac, lequel arrive très vite :

— Louis, j’ai une recherche urgente à te confier. Je voudrais savoir si Océan Poulain, occupant de l’appartement du sixième étage gauche, est revenu à Paris pendant les deux mois passés. Tu passes au crible, les enregistrements du péage autoroutier, les billets de train, les bla-bla-car et autres moyens de transport. 

— D’accord, commissaire, je demanderai aussi à la gardienne si elle l’a vu.

— Je ne le pense pas, elle m’en aurait parlé. Tu me communiques le résultat de ta recherche dès que possible.

— OK commissaire, pas de problèmes.  

Dès que son inspecteur est sorti de son bureau, le commissaire Aghilas repense aux hésitations répétées qu’au eu Océan Poulain pendant leur échange téléphonique. Que lui cachait-il ? Pourtant, il a reconnu très vite sa liaison avec sa psychothérapeute… et la reconnaître, c’était s’inscrire parmi les coupables potentiels. La seule chose qui le sépare de la mise en examen est le fait qu’il se trouvait à 800 kilomètres du lieu du meurtre… 

 

À Suivre… Prochain Épisode le Dimanche 13 Juin 2021…

 

 

 

 

 

  

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