Épisode 22 : Les soupçons de meurtre s’accumulent sur la veuve…
Épisode 22 : Les
soupçons de meurtre s’accumulent sur la veuve…
Dominique Vétoldi
était encore sonné par la façon dont sa mission à l’Assemblée avait pris fin.
La veille, à la suite de son entrevue avec le commandant Grassiard, il avait réuni
l’ensemble des dossiers concernant son enquête, il avait rapporté les documents
confiés par les assistants de d’Arborville, puis il était allé faire ses adieux
aux huissiers de l’étage qui s’étaient étonnés qu’il ait déjà terminé son
travail d’ethnologue. Un court instant, il eut envie de leur révéler sa réelle
identité puis il y renonça par fidélité à son ancien condisciple du lycée
militaire, l’actuel président de l’Assemblée Nationale, François-Xavier Falcone.
Le voyant chargé
de plusieurs cartons, les deux huissiers de l’étage proposèrent d’une même voix :
– Monsieur Morin, on
peut demander à ce que vous soyez livré, si vous le souhaitez ?
– Ah, mais c’est une excellente idée.
– Eh bien, on s’en occupe, c’est comme si c’était
fait, laissez tout dans votre bureau, les cartons vous seront livrés demain.
Vous nous donnerez juste l’adresse de livraison, s’il vous plait.
Vétoldi avait
donné l’adresse de son bureau, prétextant qu’ainsi il serait assuré de la
présence d’une personne dans le bureau du commissaire Vétoldi. En entendant le
nom du commissaire, Gisèle Despoux, l’huissière, s’était exclamée :
– Vous connaissez le commissaire Vétoldi ?
Vous en avez de la chance, moi, j’aime beaucoup ses séries à la télé, je les
regarde souvent en replay parce que je suis très prise par mes horaires de
travail, ici, à l’Assemblée.
Vétoldi très
sensible à ce compliment, réussit à répondre d’un ton détaché :
– Merci pour lui,
je le verrai demain, et je lui ferai part de votre admiration, il s’en
réjouira, j’en suis certain. Vous aimeriez qu’il vous envoie une invitation
pour assister au tournage d’un épisode ?
– Oh oui ! Je
n’aurais pas osé le demander, vous pourriez m’arranger ça ?
– Oui, bien sûr et
je peux même vous obtenir un rôle de figurante.
– Moi, je
tournerai dans un de ses films ? Ce serait merveilleux, merci beaucoup. Et
ne vous inquiétez pas pour vos cartons, ce sera fait dès demain matin, je m’en
occuperai personnellement.
– C’est à moi de
vous remercier, j’ai vraiment apprécié l’aide que vous avez su m’apporter dans
mon travail.
– Aura-t-on un jour le plaisir de lire votre
étude dans un journal ?
– Non, c’est une
étude réservée aux professionnels. Je le regrette pour ma part.
– Si je ne suis
pas indiscrète, quel souvenir garderez-vous de l’Assemblée ?
– Eh bien, plutôt
un bon souvenir, j’ai pu rencontrer des politiques très investis dans leur
mission, c’est assez réconfortant par rapport à ce qu’on peut lire dans la presse,
et le personnel est formidable, vous, les gens de la buvette, tout le monde est
aux petits soins, les députés ont de la chance, et j’espère qu’ils en ont
conscience.
– Pas toujours,
peu d’entre eux pensent à nous remercier des efforts qu’on est amenés à faire
pour eux.
Vétoldi vit son
collègue masculin la pousser du coude et il l’entendit chuchoter : Tais-toi,
tu es tenue au devoir de réserve, Monsieur n’est pas un élu, il est extérieur à
l’Assemblée.
Cela lui donna
envie de rire et il dit :
– Ne vous faites
pas de souci, je ne répéterai rien et puis je n’ai que peu l’occasion d’échanger
des propos sur les élus, ce n’est vraiment pas mon milieu.
– Ça c’est sûr, le
milieu politique doit être très différent de celui des chercheurs en sciences
sociales.
– Oui et non, les
buts sont différents mais on retrouve autant de rivalité, de différends, de jalousie,
bref comme dans tout milieu humain.
– Je ne l’aurais
jamais pensé. Bien, vous avez autre chose à nous demander ?
– Non, je vous remercie, je vais retourner dans
mon bureau vérifier que j’ai bien tout emballé.
– Très bien.
Vétoldi revint
dans son bureau, il s’installa pour la dernière fois sur son fauteuil de
travail, et alors qu’il commençait à rêvasser, son téléphone sonna. C’était son
ami Sandro.
– Voilà, j’ai
rencontré le charcutier, j’ai des informations sur Andrea Bartoli et sur sa
petite-fille.
– Et alors ?
– Et alors, Madame
Céleste Pergola, la veuve du député passe ses vacances d’été en Corse, dans son
village d’origine, chez ses grands-parents, donc chez Andrea Bartoli. Par
contre, le député, lui, n’est jamais venu. D’après ce que le grand-père m’a
dit, d’Arborville le méprisait et lui-même, ne l’aimait pas beaucoup. Il n’a
jamais compris comment sa petite-fille qui était et reste très attachée à la Corse
avait pu se marier avec un Vendéen, aristocrate royaliste. Bref, j’ai parlé un
bon moment avec Bartoli, il est mûr pour que tu viennes le cuisiner, à mon
avis, il aura des choses à te dire. Quant au charcutier, il a confirmé qu’il
fabriquait le fameux saucisson mais quand je lui ai expliqué le motif de ma
visite, c’est à dire qu’un des saucissons partis de son atelier avait été
empoisonné, il a refusé de me croire. Je lui ai dit qu’il avait intérêt à
accorder du crédit à mes propos parce que très bientôt, des policiers allaient
débarquer dans son atelier et seraient moins bien disposés que moi. Dépêche-toi
de venir ici, il faut que tu passes avant eux.
– Je me demande,
compte tenu de ce que tu viens de me dire si je ne devrais pas me rendre plutôt
chez la veuve…
– Pourquoi ?
Elle n’a pas pu empoisonner le saucisson, elle ne vient jamais en dehors de l’été.
– Elle a pu
recruter quelqu’un sur place, contre paiement, je pense qu’elle a pu trouver
sans mal, elle a peut-être soudoyé un des employés de l’atelier du charcutier.
– Il travaille en
famille, à l’atelier, il y a lui, sa femme et deux de ses fils, il n’a pas d’ouvrier
extérieur. C’est sa fille qui s’occupe de la commercialisation, elle prépare
les commandes, les expédie et c’est l’une des deux belles filles qui tient la
boutique. Cela paraît difficile de soudoyer une de ces personnes-là.
– Ils sont engagés
sur le plan politique ?
– Un des fils a
été actif lors des élections régionales, il a soutenu les indépendantistes,
mais c’est tout.
– Tu crois que tous ces gens me parleraient plus
qu’à toi ?
– Tu es connu, et
ça, ça compte. Je pense que tu peux les impressionner et puis il vaut mieux qu’ils
te parlent à toi plutôt qu’aux officiels. C’est grave ce qui s’est passé, un
député est mort assassiné. Franchement, ça m’étonnerait que l’un des membres de
cette famille soit coupable. Enfin, tu verras toi-même quand tu viendras.
– Et le grand-père ?
– Oui, le grand-père me plaît déjà beaucoup
moins, et puis, c’est lui l’auteur des leurres de chantage et ça, c’est pas joli,
joli…
– Cela veut
surtout dire que très probablement Madame d’Arborville était au courant de l’existence
de l’enfant de son mari et qu’elle a peut-être chargé elle-même son grand-père
de l’envoi de ces lettres. Eh bien, Sandro, je te félicite, tu as fait du bon
boulot, à moi de mettre un point final à cette histoire et je vais le faire, bien
que je n’aie plus de rôle officiel dans l’enquête pour le meurtre d’Hugues d’Arborville
mais en ai-je jamais eu un ? Avec le recul, je constate que je n’aurais
jamais dû accepter de me travestir en ethnologue pour mener une soi-disant
enquête.
– Bon, quand
arrives-tu ?
– Par le premier avion, le
temps de jeter quelques affaires dans un sac et je débarque.
– Préviens-moi, je
te récupérerai à l’aéroport.
– D’accord, à
plus.
Dominique Vétoldi
raccrocha. Ainsi, dans quelques heures, il serait dans son pays. Il sourit,
jamais il n’aurait pensé, le jour où François-Xavier Falcone l’avait reçu à l’Assemblée,
que sa mission le ramènerait chez lui…
A suivre… Rendez-vous le vendredi 16 février 2018 pour l’épisode
23 et peut-être pour la fin de Meurtre à l’Assemblée.
Information importante pour les lecteurs de Meurtre
à l’Assemblée !
Cinq romans sont actuellement disponibles en version
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La grosse qui mangeait des bonbons---Un Fric-Frac peu
catholik
Attentat à Belle-Ile---L’Amant sauvage---Mortel
Rendez-vous---
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Mortel Rendez-vous et Attentat à Belle-Ile le seront bientôt.
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L'affaire se complique à la fin, comme souvent dans les polars. C'est vrai que cette veuve, pas vraiment éplorée, pouvant trouver un intérêt à la disparition de son mari, fait d'elle une meurtrière logique. Pourtant le titre de l'épisode - "les soupçons s'accumulent sur la veuve"- laisse penser que cette logique pourrait être prise en défaut. Mais alors l'auteur du meurtre et son mobile? J'avoue ma perplexité ... preuve que les fils de l'intrigue ont été habilement brouillés par l'auteure (du roman!). Vivement vendredi prochain.
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