L'enquête en Corse sur l'assassinat du député est-elle utile ?
Épisode 24 : Le commissaire Vétoldi enquête en
Corse
L’atelier de la
charcuterie était situé en dehors de la petite ville. Quand ils y parvinrent, à
bord d’une camionnette appartenant au patron, Vétoldi découvrit que l’atelier
était couplé à un élevage de porcs. L’odeur était forte et il en fut incommodé.
Il remarqua :
– Vous n’avez pas
de soucis avec les voisins à cause de l’élevage et de ses odeurs ?
– C’est bien la
raison pour laquelle nous avons choisi d’éloigner les porcs du magasin de
vente. Les voisins ne sont pas tout près, la première maison se trouve à plus
de cinq cents mètres, ensuite, c’est vrai que pour les odeurs, ça dépend des
vents. Jusqu’à présent, aucune plainte n’a été déposée.
Ils se trouvaient
devant une grosse porte blindée. Le patron sortit une clé de sa poche et il actionna
un code pour ouvrir la deuxième porte. Vétoldi
murmura à l’intention de Sandro : c’est Fort Knox 1,,
ils sont dû avoir quelques soucis…
Ils pénétrèrent
ensuite dans l’atelier de fabrication. Deux ouvriers s’affairaient autour d’une
chaîne de fabrication entièrement automatisée. Le bruit était important et
empêchait toute conversation. Le patron se dirigea vers l’un des deux ouvriers,
qui arrêta la chaîne.
– Monsieur est commissaire de police, il arrive
de Paris, il souhaite vérifier les conditions de la fabrication de nos
saucissons, car Monsieur d’Arborville qui était comme tu le sais, un de nos
clients, est mort par empoisonnement. Il sembla après l’analyse que le poison
ait pu être incorporé dans un de nos saucissons. Qu’en penses-tu, toi qui
procède à la fabrication, et au chemisage de nos saucissons ?
– Personne ne pénètre ici. Comme vous venez de
le constater, nous travaillons avec la porte fermée à clé et nous ne sommes que
deux à travailler dans l’atelier. Le dimanche et le lundi, l’atelier est fermé.
Qui soigne les animaux ?
Le patron
intervint :
– Nous employons un
couple qui s’occupe d’eux et qui en même temps surveille l’atelier.
Je pourrais les rencontrer ?
Bien sûr, tout à l’heure si vous le souhaitez.
Dominique Vétoldi
et Sandro précédés du patron firent le tour de la chaîne de fabrication et
Vétoldi constata qu’il n’y avait aucune intervention manuelle dans le cursus de
la fabrication. Il était impossible qu’une personne puisse même en arrêtant la
production, envelopper un saucisson et quand bien même c’eut été possible,
comment aurait-elle pu s’assurer que ce saucisson-là aboutirait à la buvette de
l’Assemblée. Non, Vétoldi réalisait que l’empoisonnement du saucisson et d’un
seul n’était pas envisageable. Il dit :
Je vous remercie, peut-on aller voir les
gardiens ?
Bien sûr, suivez-moi. Ils repartirent vers la
sortie, le patron referma l’atelier à clé et ils se retrouvèrent à l’extérieur,
ils contournèrent alors le bâtiment pour rejoindre l’élevage. L’enclos réservé
aux cochons était très propre et le gardien, un homme de petite taille, porta
le doigt à sa casquette quand il les vit. Le patron s’adressa à lui en corse,
Vétoldi comme Sandro comprirent parfaitement, parlant la langue tous les deux,
Sandro parce qu’il n’avait jamais quitté la Corse, Vétoldi parce qu’il la
pratiquait tous les étés quand il rejoignait ses potes sur l’île pour ses
vacances :
– Sti cavaleri anu
vulsutu dumandà alcuni questioni
Ce à quoi, il
répondit :
– OK, j’écoute.
Vétoldi choisit de
s’exprimer en Français :
– Recevez-vous des visites ici ? Vous
arrive-t-il d’ouvrir l’atelier de fabrication ?
– Oui, nous recevons
parfois des écoles qui viennent voir la porcherie, mais nous n’ouvrons jamais l’atelier,
c’est Monsieur Paoli seulement qui a le droit.
– Vous avez une clé ?
– Oui, s’il y avait quelque chose, un incendie
par exemple, ou des individus qui chercheraient à entrer pour voler, on
pourrait ouvrir.
– Elle est rangée où ?
– Suivez-moi, je vais vous montrer.
Ils quittèrent la
porcherie et entrèrent dans la maisonnette.
Le gardien se rendit
dans la cuisine où ils retrouvèrent sa femme en train de préparer un plat dans
une grosse cocotte.
Elle inclina la
tête dans leur direction et son mari commenta :
– Veuillez l’excuser, Ghjulia
est
muette.
– De naissance ?
– Non, elle a eu la langue coupée.
Dominique Vétoldi, au fait des vendettas, savait
ce que ça voulait dire. Il n’insista pas.
– Si je comprends bien, personne en dehors de
vous deux, ne pourrait entrer dans l’atelier ?
– Non, personne, nous sommes ici tout le temps.
C’est moi qui fais les courses en ville, et quand je m’absente, j’emporte la
clé avec moi, je ne veux pas laisser ma femme avec cette responsabilité.
Je vous remercie.
Ils sortirent de la maison et
Dominique Vétoldi tint à rassurer Lisandru Paoli.
Je tiens à vous féliciter sur les précautions
prises pour éviter toute malveillance. Je pense après les visites que vous nous
avez fait faire que l’origine du poison n’est pas à rechercher ici. Merci
beaucoup pour votre compréhension.
Je vous ramène au village mais auparavant, je
vais vous offrir un petit souvenir dont vous me donnerez des nouvelles.
Il s’absenta et revint avec
deux paniers contenant un assortiment de produits de son atelier. Vétoldi sourit :
Hum, vous nous gâtez, merci beaucoup.
Ils revinrent tous à Ponte
Leccia et Lisandru Paoli les laissa devant la porte de son magasin :
– Au plaisir de vous revoir en meilleure
occasion, au revoir commissaire, au revoir Sandro.
– Au revoir.
A peine Paoli disparu, Sandro
dit :
– Tu vois, je te l’avais dit qu’il n’y avait
rien à espérer de ce côté-là.
– Oui, tu avais amplement raison, voyons
maintenant à rencontrer Andrea Bartoli.
– Bon, il est quinze heures trente, on peut se
pointer, il aura terminé sa sieste.
Ils se dirigèrent à pied vers
la maison de Bartoli. Ils le trouvèrent en train de s’affairer à ouvrir les
volets d’une pièce du rez de chaussée ;
– Bonjour Andrea, voici le commissaire Vétoldi
dont je t’ai parlé.
– Bonjour commissaire, entrez donc.
Ils entrèrent dans la maison
et se retrouvèrent assis autour d’une grande table de cuisine.
– J’irai droit au but, j’ai découvert que vous
étiez l’auteur des lettres de chantage adressées à Monsieur d’Arborville, qui
était député et le mari de votre petite fille, Céleste Pergola. Comment
avez-vous été au courant de l’existence de cet enfant ?
– Par Céleste, pardi !
– Savait-elle que vous étiez l’auteur de ces
lettres ?
– Non, je ne pense pas. Je ne voulais pas que d’Arborville
s’en tire comme ça. Ma petite-fille n’était pas heureuse, elle était reléguée à
la maison, et il ne s’occupait pas de ses enfants.
– Vous avez une idée de qui a pu l’assassiner ?
– Ma foi, non, mais je sais qu’il avait des
ennemis.
– Vous par exemple ?
– Oui, et je ne m’en cachais pas ! Mais
tant qu’il payait, ça m’allait très bien. Je ne gagne rien à sa disparition, bien
au contraire.
– Vous avez de la chance que je n’intervienne
pas dans ce genre d’affaire, vous passeriez devant le tribunal, combien lui
avez-vous extorqué ?
– Ne croyez pas que je gardais cet argent pour
moi, je le redonnais à Céleste, parce qu’il était radin comme pas possible.
Vétoldi resta silencieux. D’Aborville
se révélait plus complexe que prévu…
A suivre… Rendez-vous le
vendredi 2 mars pour lire l’épisode 25
Information importante pour les lecteurs de Meurtre
à l’Assemblée !
Cinq romans sont disponibles sur les sites internet :
La grosse qui mangeait des bonbons---Un Fric-Frac peu
catholik
Attentat à Belle-Ile---L’Amant sauvage---Mortel
Rendez-vous
A noter, La grosse qui mangeait des bonbons et Un
fric-frac peu catholik sont également disponibles en livres imprimés.
Deux autres romans, Attentat à Belle-Ile et Mortel Rendez-Vous le seront très
prochainement. Pour obtenir les informations et commander les romans en version
livres papier, écrivez à l’adresse email suivante :
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