La Boutique des copains, nouveau feuilleton, épisode 1
LA
BOUTIQUE DES COPAINS
Épisode 1 : Moi, Maeata, j’ai tout pour être heureuse, sauf…
Avant de me rendre à la boutique, j’ai
relu plusieurs fois le texto que m’avait envoyé ma meilleure friend, MJ.
Super
contente du résultat, suis sortie pour la première fois, hier avec, et c’est
génial ! Toutes les filles le reluquaient et j’étais très fière. Enfin, un
homme sur mesures, mon rêve.
Elle avait sauté le pas et moi pas
encore, mais j’étais décidée, enfin, dans ma tête, parce que depuis ce matin,
je traînais sans raison valable. Tout m’avait pris un temps fou. Moi qui étais
prête en moins d’une heure habituellement, voilà que, levée depuis deux heures,
j’en étais encore à lire mes mails, à naviguer entre ma chambre et le coin
cuisine où mon troisième café-crème coulait de la machine. Elle siffla
justement et je saisis la tasse. Je souris. Après bien des mésaventures, j’avais
la machine idéale, elle était capable, comme moi et même mieux que moi, de
préparer un café noir et d’ajouter juste ce qu’il fallait de lait froid pour
que je puisse le boire tout de suite. Je goûtai et souris de nouveau. Le café
était délicieux, éthique et pas toc, la vie était belle.
Pourquoi m’encombrer d’un homme, si
parfait soit-il ? En avais-je besoin ? En pensant ce mot, je me sens
coupable, plutôt que de besoin, j’aurais
dû penser désir.
Désirais-je être accompagnée d’un homme et
à quels moments et pour quoi faire ?
Je réfléchis à ma vie, brièvement.
J’ai, comme on dit, tout pour être
heureuse :
J’ai un bon job, je suis conceptrice–rédactrice
dans une belle boîte de pub’, je suis propriétaire de mon appartement, situé en
plein cœur de Paris, près de la tour Eiffel, je file prendre l’air au moins une
fois par mois, j’ai des amis. Je sors souvent, j’assiste à des concerts, j’aime
un peu tous les genres de musique, jazz, classique, rock, rap, slam, mais j’ai quand
même un petit faible pour la famille du Rock. Ça nous fait rire ma mère et moi,
de penser qu’on a dansé notre premier slow, sur la musique d’Hôtel Caledonia et elle comme moi, on a eu la larme à l’œil quand
Glenn Frey est mort il y a deux ans. Alors, pourquoi bouleverser ma vie en y ajoutant
un homme ? Oui, mais il ne s’agit pas de n’importe quel homme, il est
question d’un homme fabriqué à ma demande. Je vais devoir répondre à un
questionnaire approfondi et ensuite, mon compagnon de rêve sortira, tout neuf,
tout beau, directement utilisable.
Allez, c’est bon, je me décide. Je me
prépare rapidement, en enfilant un jogging et des sneakers parce que je vais
aller à pied jusqu’à la boutique. Je ramasse mes cheveux qui dépassent ma
taille et j’essaie de me faire les tresses que j’ai repérées sur YouTube. La fille a les cheveux si
longs, qu’elle les sépare en deux, passe sa tête et tricote ses nattes devant
elle ! Non, ce n’est pas encore possible mais j’y parviendrai, c’est
certain. C’était mon but quand j’ai décidé de les laisser pousser, et depuis
toute petite, en accord avec mon prénom, Maeata,
qui signifie, Celle qui avance, celle qui
fonce en tahitien, j’ai atteint les buts que je me suis fixés, oui tous mes
buts, sauf, en ce qui concerne les hommes. Je n’ai pas, jusqu’à présent,
construit un couple stable. J’ai trente ans depuis trente jours et il est temps
de se pencher sérieusement que la question. MJ l’a fait, je vais en faire
autant.
Ses mots passent en boucle dans ma tête
sur le boulevard des Invalides puis sur le boulevard Montparnasse : Puisque l’homme idéal n’existe pas dans la
nature, il faut l’inventer. Une nouvelle boutique vient d’ouvrir qui fabrique l’homme
de tes rêves.
Elle a le résultat de sa commande et il
est fabuleux. Je n’ai pas encore rencontré l’heureux élu en chair et en os mais
j’ai sa photo sur mon téléphone. Grand, blond, musclé, un sourire ravageur, des
dents à faire pâlir un dentiste, un regard à ne tomber, bref, rien à dire sur
le plan physique, si peut-être, il est trop parfait et pour ma part, je préférerais
un homme avec un petit défaut, un détail charmant qui me le ferait encore plus
désirer, encore plus m’appartenir, à moi toute seule, une petite tâche de rien
du tout, une cicatrice ? Quelque chose qui prouverait qu’il n’est pas tout
à fait neuf. Après tout, je n’ai jamais acheté de voiture neuve, j’aime les occasions,
j’aime ce qui a déjà servi parce que je n’aime pas étrenner les choses. Au fil
de ma marche, le profil de mon futur compagnon se dessine dans mon imagination.
Voilà que je suis devant la boutique, je pousse la porte, je vais passer de la
théorie à la pratique. Je suis seule, j’ai ^ris rendez-vous et je suis à l’heure,
la tenancière du lieu est là, elle se lève et vient au-devant :
- Bonjour !...
A
suivre… prochain épisode le vendredi 4 mai 2018
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