UNE DISPARITION INQUIÉTANTE À MATIGNON ÉPISODE 5 : BRANLE-BAS NATIONAL

UNE DISPARITION INQUIÉTANTE À MATIGNONÉPISODE 5 : BRANLE-BAS NATIONAL


Ariette Fombard sursaute. A t-elle bien entendu ce que vient de dire la journaliste à la radio ? 
Elle ouvre son téléphone et tape : Premier Ministre.
La réponse ne se fait pas attendre. L’Élysée vient de transmettre une dépêche à tous les medias :
- Le Premier Ministre a été enlevé par des extrémistes. Jusqu’à présent, nous pensions que l’absence du premier Ministre n’avait rien d’inquiétant, mais maintenant, nous sommes fixés. Le Ministre de l’Intérieur et le Ministre des Armées se sont concertés avec le Président pour décider de la riposte à apporter à ce qui représente un acte de guerre. L’alerte attentat est portée à son plus haut niveau. 
Les nouvelles et conseils destinés à la population, seront diffusés par safety check sur facebook, par alerte_beauvau  sur Twitter. Nous demandons à tous les citoyens qui auraient remarqué ou remarqueraient un comportement inhabituel ou suspect chez les personnes qu’ils rencontrent, de nous en aviser immédiatement.
Compte tenu de l’exceptionnelle gravité de la situation, les établissements d’enseignement scolaire resteront fermés aujourd’hui. 
Ariette Fombard s’effondre sur une chaise. Elle était sur le point de prendre son premier café. Certes, elle avait ressenti une certaine angoisse du fait d’être sans nouvelles de son mari,  la veille au soir, mais son naturel optimiste avait pris le dessus et elle s’était persuadée qu’il allait réapparaître dans la journée. 
Pourtant quelques jours plus tôt, elle s’était inquiétée auprès de lui de le voir prendre le volant de sa voiture au lieu de faire appel à l’un de ses chauffeurs, il avait balayé ses craintes d’un sourire et avait rétorqué qu’il devait penser à ses chauffeurs car s’ils se relayaient, ils n’en avaient pas moins droit à des périodes de repos. En réalité, il aimait conduire et il avait toujours aimé ça, depuis ses seize ans, depuis qu’il avait décroché son permis aux US, alors qu’il s’y trouvait en compagnie de ses parents, son père travaillant alors dans une entreprise américaine installée à Chicago. 
Ariette pense bêtement, Comment va t-il se passer de ses croissants du matin ?
Car oui, chaque matin, il se régale de ses deux croissants et combien de fois ne lui a t-il pas répété : Quand j’étais aux Etats-Unis, tu me croiras ou pas, mais ce qui m’a vraiment manqué, c’étaient les croissants et le saucisson.Elle lui a dit : Et le fromage, non ?  Il a répondu que non, que des fromages, on en trouvait là-bas, pas aussi bons qu’en France, mais convenables alors que des croissants aussi délicieux que ceux qu’ils connaissaient, non, ce n’était pas possible. Pareil pour le saucisson. La cafetière siffle si fort qu’Ariette la fixe, elle se lève et l’éteint mettant fin à ce bruit insupportable. Les filles ne sont pas encore réveillées, de toute façon, à quoi bon ? Il n’y a pas classe aujourd’hui, autant les laisser dormir et puis comment leur annoncer ce qui arrive à leur père ? Ariette frissonne, il ne fait pas froid dans la cuisine de l’appartement privé de Matignon, elle est seule, la cuisinière affectée à son service personnel n’est pas arrivée, elle vient plus tard. D’ailleurs, elle va lui donner congé pour aujourd’hui, elle n’a besoin de personne. Elle fera un fish and chips aux filles et elles seront ravies, elles oublieront ce qui arrive, enfin, elle l’espère…
Ariette sursaute, le téléphone, son portable, a sonné. Mon Dieu, c’est sa mère, ah non, ce n’est pas le moment, elle coupe net la communication et pousse le bouton avion, ainsi, personne ne pourra la déranger et si, du côté des autorités, ils ont des nouvelles à lui transmettre, il lui enverront un officiel de la sécurité. 
Pendant qu’Ariette Fombard se terre chez elle, le président est en réunion avec le commandant Pardon, responsable de la sécurité de l’Élysée. Que faire ? En réalité, comment réagir ? Le commandant, lui, est pragmatique :
— Attendez que les GJ vous envoient une autre lettre, cela ne devrait pas tarder, vous ne vous êtes pas présenté au rendez-vous qu’ils avaient fixé ce matin, à mon avis, ils vont poster une lettre que vous recevrez demain. Au fait, j’ai transmis la lettre et l’enveloppe au laboratoire de la police scientifique, ils détecteront peut-être des traces ADN ou d’odeur du coupable, en effet d’après les découvertes récentes, les auteurs de crimes et délits laisseraient leur odeur sur les lieux et objets.
— Vous avez bien fait, mais il y aura aussi les miennes, en plus de celles de la personne qui a ouvert mon courrier ce matin. J’espère qu’elles ne brouilleront pas les autres. 
— Bonne remarque, je vais demander un prélèvement de l’ADN du-de la préposé-e- au courrier hier matin. Voilà, il ne nous reste plus qu’à patienter. 
— Je vois le Ministre de l’Intérieur tout à l’heure avant le Conseil. Vous souhaitez être présent ? 
— Comme vous voulez.
— Eh bien alors, ce sera oui. Quelle heure est-il ? 
— Sept heures trente.
— Il arrive à neuf heures. 
— Très bien, à tout à l’heure. 
Le commandant Pardon s’éclipse. Il soupire, jamais il n’aurait pensé que son poste à la Sécurité de l’Élysée lui apporterait autant de soucis. Il aime travailler mais à y bien réfléchir, il préfère avoir des responsabilités sur le terrain…
À propos de terrain, il devrait rendre visite à l’épouse du PM, pour lui affirmer son appui, la rassurer et aussi pour lui poser quelques questions. Revenu à son bureau, il demande à son assistant :
— Téléphonez à madame Fombard, dite-lui que je souhaite la voir et faite-lui choisir le lieu, à mon bureau ou chez elle. 
— Très bien, commandant.
Deux minutes plus tard, l’assistant déclare :
— Elle ne répond pas, j’ai laissé un message sur son répondeur. 
— Si elle ne répond pas, il faut lui envoyer quelqu’un pour la prévenir.
— D’accord, mon commandant, c’est comme si c’était fait. 
L’assistant se lève et se rend dans le bureau voisin pour répercuter la demande du chef. Immédiatement, le commissaire Vaillant, adjoint au commandant chargé de la sécurité de la présidence, se propose :
— J’y vais.
Il saute dans une voiture du pool des chauffeurs de l’Élysée et arrive en trois minutes chrono à Matignon. Il salue l’huissier, en tendant néanmoins sa carte, car il s’impose les consignes de sécurité, puis il se dirige vers l’appartement privé et sonne à la porte. Il est presque huit heures. La porte s’ouvre, c’est Madame Fombard elle-même. 
— Oui, bonjour ? 
— Bonjour Madame, le commandant Pardon souhaite vous rencontrer de toute urgence, il vous laisse le choix de l’endroit, à son bureau ou à votre domicile.
— Eh bien, dans ce cas, j’aime autant qu’il vienne ici, mes filles dorment encore et compte tenu des événements, je ne tiens pas à les bousculer.
— Oui, je comprends. Je le préviens. À mon avis, il sera ici dans très peu de temps. 
— D’accord, je l’attends. Il est thé ou café ?
— Thé ou café ?
— Oui, il préfère boire du café ou du thé ?
— Oh certainement du café, je ne connais guère de haut gradés qui boivent du thé le matin. 
— Alors, ce sera parfait, moi aussi, je bois du café.
L’adjoint du commandant repart après avoir passé un coup de fil à son supérieur. 
— Elle vous attend chez elle. 
Il retourne à l’Élysée. Dès son arrivée, le commandant Pardon monte dans sa voiture :
— Merci vaillant, je vous attendais, je vous confie la maison, à tout à l’heure. 
— À tout à l’heure commandant, vous pouvez compter sur moi.
Un gentil garçon, le capitaine Vaillant, un peu borné, mais sympathique et d’un dévouement absolu. 
Suite au prochain épisode… Le mercredi 30 janvier 2018… 

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